+ QUI SUIS-JE?

             Exposition personelle au musée du verre de Charleroi – Belgique

 

 

             Du 29 mars au 14 septembre 2025

 

 

 

 

Aurélie Abadie & Samuel Sauques : Le paradoxe d’être

Catherine Thomas

Être, c’est un équilibre subtil entre le respect de son identité, de ses valeurs et de ses convictions et le lien qui nous unit aux autres, au monde qui nous entoure. L’exercice est loin d’être simple car il faut pouvoir jongler avec les injonctions de la Société et ses propres aspirations personnelles. Avec l’avènement des nouvelles technologies et plus particulièrement celui des réseaux sociaux, cet équilibre, déjà si fragile, est de plus en plus complexe à atteindre. Et sans compter cet étrange paradoxe : d’un côté, il y a le diktat du culte de l’image, induisant le règne d’une concurrence latente mais réelle entre les êtres pour obtenir le plus de « like » et, de l’autre, il y a la revendication au droit à la singularité de chacun, dans le respect de son identité, de son genre et de sa personnalité. Et entre les deux, il y a des humains qui se cherchent dans le mal-être d’être…

C’est cette complexité de l’être qu’explorent ensemble et tentent de dénouer Aurélie Abadie et Samuel Sauques.

Après avoir obtenu son BTS en Design industriel, Aurélie Abadie (France, °1983) a suivi la formation de compagnon verrier au Cerfav de Vannes-le-Châtel (France) dont elle sort diplômée en 2008. Après des études d’histoire à Caen, Samuel Sauques (France, °1977) a choisi le BTS Art Céramique à Limoges et a aussi suivi deux ans de formation à l’Institut régional pour le Développement du Design à Saint-Étienne, tout en étant assistant d’artiste. Leur apprentissage respectif s’est enrichi d’expériences dans des manufactures et maisons prestigieuses.  En 2008, ils installent leur premier atelier à Pont-Scorff avant de rejoindre Lorient en 2012 où ils continuent d’exercer leur art.

La démarche artistique d’Aurélie Abadie et Samuel Sauques s’inscrit dans la recherche de ce qu’est l’être et de ce qui le construit. Tout débute par un échange d’idées et de points de vue. Moment précieux dans le processus créatif car il verbalise le ressenti de chacun pour le rendre compréhensible à l’autre. C’est au cours de ces échanges que le duo devient artiste à part entière, pour donner naissance à quelque chose de nouveau et d’inattendu, mais profondément humaniste : la quête de l’être.

Ensemble, ils s’associent au verre, parce qu’il est le seul capable de matérialiser l’impalpable, l’invisible, l’intangible, les sensations, les émotions, … donnant corps à ce qui ne peut être vu sans pour autant en révéler la quintessence, car l’humain reste le seul à connaître son « moi » profond. Aurélie Abadie et Samuel Sauques mettent en évidence le conflit permanent entre qui nous sommes et le visage que nous présentons au monde. Et la peau est le réceptacle de cette dualité. Elle est l’élément frontière entre nous et les autres, la barrière opaque qui cache notre véritable identité. La peau, c’est aussi l’organe qui nous permet d’être en contact avec ce monde, avec les autres. Et c’est donc tout naturellement elle qu’ils ont choisi comme support tangible de leur réflexion. L’université du discours qu’ils tiennent se prolonge dans leur choix de représenter le corps, le visage à taille humaine, ce qui permet à tout le monde de pouvoir s’identifier, de se voir comme dans un miroir et de se questionner sur son identité.

Qu’il soit translucide ou opaque, qu’il rende visible ou qu’il cache, le verre révèle ce qui fait de nous des humains, dans notre relation à l’altérité et à nous-même. Il y a d’abord la beauté de l’être révélée dans les Archéologie intérieure. Il y a les masques que nous portons pour être au monde dans la série Voile d’Isis, qui, enlevés un à un permettent de retrouver notre moi profond. C’est sans compter sur les sculptures au doux titre de Parloir, où la tension est palpable entre les corps, prêts à échanger sans révéler leur intérioté. Dans une société dans laquelle les identités sont formatées et les individualités presque effacées, Aurélie Abadie et Samuel Sauques rappellent l’importance de notre singularité, de nous révéler nous-même et de ne pas avoir peur de qui nous sommes, au plus profond de nous. On appelle cela humanité.

Les œuvres d’Aurélie Abadie et Samuel Sauques sont exposées de façon permanente à la Galerie  internationale du Verre Serge Lechaczynski à Biot (France) et à la Galerie des Trois Soleils à Epesses (Suisse). Certaines de leurs sculptures ont été acquises par des collections publiques et privées dont notamment : Ernsting Stiftung (Allemagne), Leperlier Glass art Fund (France), Musée Liuli (Chin), Musée du Centre Minier de Faymoreau (France) et le Musée/Centre d’Art du Verre de Carmaux (France). Ils sont aussi titulaires de nombreux prix et distinctions.

Focus « Aurélie Abadie & Sauques Samuel. Qui suis-je ? »

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