La genèse de ce travail s’est déroulée dans les montagnes cévenoles. Avec une expérience simple: contourner la montagne pour aller faire des courses et travailler, prévoir une heure et quart de trajet pour aller au cinéma, deux heures de route pour trouver une autoroute ou une gare, sinuer le long des gorges encaissées… L’évidence de se soumettre à plus grand et plus massif que soi. Le pendant de cette contrainte était cette lumière,… quelle lumière! Et le relief tranchait le ciel, comme si ces éléments, en s’opposant, se renforçaient l’un et l’autre.

 

Et puis en un instant je me suis rendu compte que « ça » m’avait pénétré, quelque chose se tenait droit et tranquille alors que tout semblait dur et impénétrable. Etait-ce possible de retranscrire en un objet l’instant, la présence ? La position immuable de la montagne et le caractère instantané du ciel?

 

L’assemblage de pierres et de verre était une évidence, je vivais sur un tas de caillou et je travaillais dans un atelier de pâte de verre…

 

La résonance entre les éléments du paysage et la vie intérieure élabore progressivement une sorte de langage allégorique. Des notions récurrentes voient le jour en fonction des assemblages: l’obstacle, l’immobilité, l’abîme, le passage, la procession… Les impressions que suscitent la relation au monde dévoilent ces analogies, comme si nous reconnaissions les mêmes principes régissant les formes du paysage et les différentes situations de nos vies.

Dualité, antagonisme: Terre et ciel, eau et pierre, solide et aérien, lumière et obscurité, corps et esprit, le haut et le bas, le grand et le petit, rien ne semble pouvoir exister sans son contraire. La bi-polarité régit notre expérience, et à la manière d’un Yi King, les différentes formes d’assemblage évoquent autant de situations:

L’obstacle faire face à une faille ou une paroi, obligation de patienter, avant de se décider à accepter un long détour pour contourner l’obstacle ou une longue préparation pour s’y adapter.

 

 

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